
L’apprentissage et l’usage du braille est reconnu comme élément emblématique du patrimoine culturel immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, annonce aujourd’hui Elisabeth Degryse la ministre de la Culture.
« La culture est essentielle à la vie démocratique et représente pour ce gouvernement un levier d’émancipation individuelle et collective fondamentale. Lire, écrire constituent le fondement de notre culture. Le Braille et son alphabet tactile ouvre la porte de ces fondamentaux aux personnes ayant des déficiences visuelles. Ce codage universel est aujourd’hui menacé. Le reconnaitre comme patrimoine immatériel, c’est aussi le promouvoir à l’aube de son bi-centenaire et le défendre pour l’avenir » indique Elisabeth Degryse Ministre-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le patrimoine immatériel
Le patrimoine immatériel réunit les gestes, savoir-faire, modes d’expressions, transmis de génération en génération, qui procurent un fort sentiment d’identité et de continuité à ceux qui le pratiquent et le partagent. On y retrouve notamment les langues endogènes, les rituels et événements festifs, les pratiques culturelles associant l’homme à la nature, les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.
Une reconnaissance au titre de chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel symbolique, permet souvent de défendre et de promouvoir l’élément mis en lumière, en garantissant son authenticité. En outre, elle contribue à sensibiliser les pouvoirs locaux et le grand public à la valeur du patrimoine vivant. Plus largement, cette sensibilisation aux gestes et savoir-faire, transmis de génération en génération, permet de mieux les partager et les renouveler. La reconnaissance est symbolique, mais cruciale pour leur sauvegarde.
Le Braille
Les caractères de l’alphabet tactile, conçu par Louis Braille, se présentent sous la forme de petits rectangles divisés en deux colonnes de trois points, disposés à la façon d’un domino. Cette disposition permet 64 combinaisons possibles. En mettant de côté l’absence totale de points – qui ne signifie rien – on obtient 63 signes différents. C’est suffisant pour représenter la totalité des lettres de l’alphabet, la ponctuation, les lettres accentuées, les chiffres et les signes algébriques, ainsi que la notation musicale. Le génie de Louis Braille réside essentiellement dans le fait que le rectangle de six points tombe parfaitement sous la partie la plus sensible du doigt. La vitesse de lecture est nettement plus efficace et rapide qu’avec d’autres systèmes tactiles élaborés avant Braille ou à son époque, dont beaucoup se fondaient sur des caractères romains mis en relief.
En 1825, Louis Braille n’a que 16 ans lorsque l’Institut Royal des Jeunes Aveugles (IRJA) lui reconnait la pertinence de cette écriture alternative. En 1836, son usage et son enseignement se déploient en Belgique.
Le braille a donné la possibilité de lire et surtout d’écrire aux personnes qui en étaient jusqu’alors empêchées par leur cécité ou leur déficience visuelle. Cette écriture tactile témoigne d’une intelligence de la main caractéristique d’un savoir et d’un savoir-faire. Son usage a transformé le destin de la communauté des personnes aveugles et mal-voyantes en leur permettant un accès direct à l’écrit. Son principe de codage, aujourd’hui universel, représente l’aboutissement de siècles de recherches dans le domaine de l’éducation des personnes aveugles.
Le Braille en danger
Depuis quelques décennies déjà, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre un déclin de l’enseignement et de la pratique du braille. Paradoxalement, c’est le progrès qui en est la cause. L’amélioration constante des systèmes de synthèse vocale et des supports audio favorise nettement la lecture auditive, qui nécessite moins d’efforts que la lecture en braille. Ces évolutions touchent aussi les transcripteurs braille, concurrencés par les nouvelles technologies.
Ces dispositifs audios sont pertinents et complémentaires mais ne rendent pas pour autant le Braille obsolète.
L’un des atouts du braille réside dans le fait qu’il permet de transcrire l’intégralité du texte, avec toutes ses caractéristiques : orthographe, ponctuation, caractères spéciaux, minuscules et majuscules, soulignés et italiques, disposition des titres et des paragraphes, etc. Sans oublier les formules mathématiques et scientifiques ou les notes de musique, que les synthèses vocales sont incapables de déchiffrer. Lire un texte en braille donne donc accès à l’écrit dans toute sa richesse et sans intermédiaire. A titre d’exemple, avec le braille dit « musical », un musicien ou une musicienne aveugle pourra accéder au statut de compositeur ou de compositrice.
L’avantage de l’écrit sur l’oral est de permettre de mieux fixer la connaissance, d’organiser sa pensée, de mémoriser l’information. De plus, en raison du coût élevé de certaines technologies audios, le braille « papier » conserve toute sa pertinence en tant que support bon marché. Enfin, il est insensible aux pannes qui peuvent affecter les supports électroniques.
2025 : L’année du bicentenaire
L’année 2025 marque le bicentenaire de la création du braille. Une sensibilisation particulière est prévue tout au long de l’année en vue de promouvoir l’importance de l’apprentissage du braille, dès l’enfance, tant auprès du public mal-voyant que du public valide. Un concours de dictée en braille, sur le modèle de « la dictée de Bernard Pivot », sera notamment mis en place dans toute la francophonie.
La pratique du braille offre un puissant levier d’intégration sociale comme peuvent l’être tous les moyens d’accès à la culture. Les données sociologiques nous rapportent que si une personne déficiente visuelle sur deux est sans emploi, 75% de celles qui travaillent ont la maitrise du braille. « L’apprentissage et l’usage du braille » constitue, ainsi, un véritable patrimoine vivant qui répond à d’importants enjeux sociétaux en permettant l’accès à la connaissance et à la culture dans un monde en mutation permanente.
Contacts presse :
Marc Debont, Porte-Parole de la Ministre-Présidente Elisabeth Degryse
marc.debont@gov.cfwb.be - 0473 98 08 75
Vanessa Pitaels, chargée de communication et relations presse, Administration générale de la Culture
presse.culture@cfwb.be
Bruno Liesen, Porte-Parole de la Ligue Braille
bruno.liesen@braille.be